"Forever": les confidences de Ioan Gruffudd, alias Henry Morgan

Vous souvenez-vous de ce que vous avez ressenti lorsque vous avez lu le script du pilote de Forever pour la première fois ?Ioan Gruffudd : J'ai lu le premier épisode de Forever lors de la saison des pilotes l'an dernier et comme vous pouvez l'imaginer, j'ai lu des tas d'autres scripts à cette période. Mais celui-ci m'a marqué, je le trouvais très beau, singulier. J'en ai un souvenir très fort. C'était mon premier choix : j'avais le sentiment que c'était un rôle que je pouvais jouer, qui m'allait bien. J'ai commencé à devenir anxieux du coup : et si je ne l'obtiens pas ? Et s'ils ne m'imaginent pas en Henry Morgan ? J'ai passé plusieurs tests et je l'ai finalement eu.Alors à votre avis, pourquoi vous ont-ils choisi vous pour incarner le personnage ?C'est toujours difficile de le savoir. J'imagine que ma force c'est les rôles que j'ai incarnés précédemment, souvent en costumes. Cela a dû les aider à m'imaginer dans les flashbacks de la série, qui se déroulent sur les 200 précédentes années de la vie du héros. J'ai un style, un physique, qui s'accordent naturellement au passé je crois.Il y a déjà des tas de séries policières à l'antenne, dans la même veine. Qu'est-ce qui différencie Forever de Castle ou Mentalist ?Evidemment, à la base, Forever est une série procédurale classique avec une enquête de meurtre à résoudre chaque semaine. Mais ce qui fait son originalité, c'est l'immortalité du héros, qui a accumulé d'incroyables connaissances au fil de ses deux siècles de vie, mais qui a énormément souffert aussi. Cela donne des tas de possibilités d'histoires à raconter en parallèle.La série parle forcément beaucoup de la mort. Henry Morgan ne peut pas mourir et Jo Martinez est veuve. Est-ce pour cela qu'ils parviennent à s'apprivoiser petit à petit?On découvre au fur et à mesure qu'ils ont tous les deux souffert. Elle est veuve, mais lui aussi a perdu des gens qu'il aimait, forcément, depuis tout ce temps. Il comprend parfaitement ce qu'elle traverse. Ce sont des âmes soeurs, c'est évident.Enviez-vous l'immortalité de Henry ou la voyez-vous comme une terrible malédiction ?C'est justement tout le dilemme exploré par la série. Tout le monde s'est dit un jour qu'il aimerait être immortel. C'est un désir humain naturel. Mais en réalité, c'est une malédiction ! Je suis obligé de me ranger à l'avis de Henry sur la question. Quand vous tombez amoureux ou que vous vous attachez tout simplement à quelqu'un vous savez qu'il va vieillir et mourir, et que vous, vous allez lui survivre et devoir souffrir, encore et encore. C'est une douleur sans cesse renouvelée. Alors Henry a choisi de ne plus s'attacher. Du moins il essaye. Laissez-vous séduire par Ioan Gruffudd... A votre avis, Henry meurt trop souvent ou pas assez au cours de la saison 1 ?Il meurt plusieurs fois au cours du pilote, n'est-ce pas ? C'était nécessaire pour bien établir sa situation. Mais l'idée de la série n'est pas de se dire "Comment va-t-il mourir cette semaine ?". Par la suite, nous n'y avons recours que quand ça nous semble pertinent.Cela doit vous faire bizarre d'avoir un fils de 80 ans, non ?J'adorais cette idée que Henry a adopté un enfant lors de la Seconde Guerre Mondiale et qu'il a vieilli depuis, qu'il l'a largement dépassé en âge et qu'il est devenu bien plus sage que lui. Ce qui est formidable à titre personnel, c'est de travailler au quotidien en compagnie d'un acteur aussi formidable que Judd Hirsch. C'est une légende pour moi. J'apprends beaucoup à ses côtés.Quelle est la période historique que vous avez préféré visiter dans la série ?Les annnées vingt à Paris ! J'ai adoré ça. Toutes ont un véritable intérêt historique. Mais honnêtement ça dépend surtout de l'intrigue qui accompagne le flashback. De ce point de vue, j'ai une petite préférence pour les années 50 puisque c'est là que se noue toute l'histoire très romantique et romanesque avec le personnage d'Abigail. Mais ce qui se passe bien avant, lorsque la précédente femme de Henry le fait enfermer dans un asile parce qu'elle le croit fou lorsqu'elle apprend qu'il pense être immortel, c'est intéressant mais plus douloureux à jouer. Chaque période correspond à un état émotionnel différent pour lui. Quel est le plus gros challenge auquel vous avez été confronté lors du tournage ? Vous baigner dans l'eau gelée de l'Hudson River ?(Rires) Heureusement, je n'ai pas vraiment eu à me baigner dans l'Hudson River. J'étais dans une piscine avec une eau pas si froide que ça. Les effets-spéciaux ont fait le reste. Le plus gros challenge, c'est sans doute d'adapter son accent, son ton, sa manière de parler, aux époques qu'il traverse. Et puis se souvenir de toutes ses lignes de dialogue. C'est le héros, il est dans toutes les scènes, ou presque. Il en a vraiment beaucoup !Tourner à New York même, dans les rues de la ville, c'est un challenge en soi ?Oui, tout particulièrement au coeur de l'hiver je dois dire. Mais c'est formidable de tourner là-bas, tant cette ville dégage une énergie qui se voit à l'écran. Et les réalisateurs sont toujours très enthousiastes à cette idée. C'est indéniablement un plus.