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Télé-crochet : ces vainqueurs qui ont été trahis

Télé-crochet : ces vainqueurs qui ont été trahis

Arrivées sur nos écrans au début des années 2000, les émissions de télé-crochets ont pour objectif de dénicher les nouveaux talents de la chanson française. Mais ici, gagner n'est en rien synonyme de succès dans les charts. En effet, après leur victoire, les candidats doivent relever un autre défi : gérer l'après-émission. Et si certains ont bénéficié d'un véritable coup de pouce dans leur carrière, d'autres sont carrément tombés aux oubliettes. Explications.

Si Popstars, diffusée sur M6 à partir du 20 septembre 2001, fut la première émission de type télé-crochet à être programmée en France, c’est précisément un mois après que la Star Academy vit le jour. En effet, face à la création d’un groupe, TF1 décida de riposter dans la foulée en lançant sa propre télé-réalité musicale. Mais à la différence de sa consœur, la chaîne proposa au public de suivre tous les jours des apprentis chanteurs dans leur apprentissage, à la manière des candidats de Loft Story. Dès lors le phénomène Star Ac’ commence à se propager si bien que la finale réunira 11 872 000 téléspectateurs. Et si ce triomphe en termes d’audimat a entrainé dans son sillage la mise à l'antenne de Nouvelle Star ou de X Factor, il a également suscité nombre de vocations chez les artistes en herbe. La raison ? En remportant la première édition du programme, Jenifer a rencontré instantanément la gloire avec son premier opus éponyme vendu à plus de 800.000 exemplaires. Un carton ! Mais dans l’univers des télé-crochets, tout ne se passe pas toujours comme prévu. A ce titre, il arrive que les gagnants ne tirent finalement leur épingle du jeu et disparaissent totalement du devant de la scène. Entre quart d'heure de gloire éphémère et carrière mal dirigée, retour sur ces candidats qui ont été trahis.

• Trahis pas leur maison de disque

Après l’échec de X-Factor en 2011 sur M6, le télé-crochet français semblait mort et enterré. Cependant c’est en 2012, grâce au triomphe de The Voice, que le genre a trouvé un second souffle ainsi qu’une une nouvelle légitimité. Ainsi, le concept est repris par toutes les chaines, de la Star Academy sur NRJ12 à La Nouvelle Star sur D8. Mais sortir gagnant de telles émissions ne garantit pas forcément l’appui des maisons de disque. En effet, si le choix du vainqueur revient au vote du public, pour leur part, les labels ne soutiennent pas forcément les mêmes candidats.

Ainsi, depuis leur victoire, plusieurs lauréats ont disparu de la scène musicale. C'est le cas de Jonathan Cerrada, vainqueur de la première saison de La Nouvelle Star. Après un second album qui s’est vendu à 30 000 exemplaires, les maisons de disques hésitent en effet à signer le chanteur. Celui-ci affirme aujourd'hui : "C’est devenu très difficile et l’étiquette de télé-réalité est un gros handicap."

De son côté, Cyril Cinélu, vainqueur de la 6ème saison de la Star Ac' en 2006, explique son échec par sa maison de disque qui lui a imposé le choix des chansons. Invité de Jean-Marc Morandini dans Vous êtes en direct sur NRJ12 l’année dernière, l’artiste déclare : "Après la sortie de l'émission je n'ai pas été bien entouré. J'en ai pris plein la gueule avec "le flop de l'année". J'ai vécu une super aventure dans la Star Academy, mais après je me suis senti abandonné."

• Trahis par leur mentor

Si les membres du jury de La Nouvelle Star ou de The Voice se montrent aussi exigeants lors des castings, c’est parce que chacun espère dénicher un gagnant qui puisse vendre. En effet, il existe une différence entre produire une émission regardée par un large public et trouver un artiste qui séduise par ses propres chansons en-dehors de la compétition. Reste que le jugement final intervient une fois les caméras éteintes, à l’heure où les mentors abandonnent leur rôle au sein du programme.

Si par exemple l’album de Sophie-Tith a été produit en partie par Sinclair, lequel continu donc à suivre celle qu’il a révélé, dans d’autres cas les relations candidats/jurés ne restent pas au beau fixe. Et pour cause, Stéphan Rizon s'est récemment plaint de son ancien coach Florent Pagny dans une interview accordée à Télé Poche. "Je lui ai envoyé mon album, mais il ne m'a pas répondu (…) On va dire que c'est un homme très pris. Quand je le reverrai, je procéderai à un interrogatoire poussé."

Enfin, autre désillusion lors de la finale de The Voice saison 2 au mois de mai. Après leur duo sur le plateau, la star Will.i.am. avait en effet offert au gagnant, Yoann Fréget, un superbe cadeau : chanter en première partie de son concert le 1er décembre. Une promesse que le chanteur n'a pas tenue puisque ce soir là au Zénith de Paris, le show a été assuré par DJ Assad !

• Trahis par le public

Si la critique peut être emballée par l’album d’un gagnant, le public, lui, ne répond pas forcément présent. En effet, une fois le buzz de l’émission passé, certains lauréats, faute d’avoir trouvé le succès, retombent dans l’anonymat. Aujourd’hui, avoir une belle voix ne suffit donc pas pour vendre des disques et rares sont ceux qui arrivent encore à faire parler d’eux une fois l’émission terminée.

C’est pourquoi, après la compétition, des stars en herbe ont même dû se reconvertir. C’est le cas de Myriam Abel, qui a remporté la troisième édition de La Nouvelle Star et qui participe désormais aux Anges de la téléréalité sur NRJ 12, émission célèbre pour "recycler" les candidats. Quant à Luce, gagnante en 2010, elle est actrice dans la série Vive la colo! sur TF1.

Ainsi, même si aujourd’hui les télé-crochets n’apportent pas forcément le succès auquel les candidats s’attendent, ce genre d’émissions reste un véritable tremplin, un accélérateur de réussite. Mais encore faut-il à ces artistes savoir capitaliser sur ce gain de visibilité. En effet, il semble difficile pour les vainqueurs de transformer l'essai surtout lorsque l’on constate que les votes du public ne font plus assurément la carrière d’un chanteur. De quoi donner ainsi un poids à ceux qui les considèrent comme des "chanteurs Kleenex"…