Dessous des plateaux TV : quand le public est payé

Dessous des plateaux TV : quand le public est payé

Vous avez toujours rêvé d’assister à votre émission de télévision préférée sans savoir comment vous y prendre ? Ce que vous n’imaginiez peut-être pas, c’est que dans les coulisses du PAF les productions font appel à différentes agences afin d’obtenir un public clé en main. Casting sauvage, places attribuées à la tête du client, hantise du désistement et rémunérations : découvrez le témoignage d’un ancien casteur de public pour enfin connaître l’envers du décor.

Aujourd’hui les plateaux télévisés ne désemplissent pas de volontaires venus constituer le public. Mais qu’ils viennent pour rencontrer un animateur vedette ou se retrouver au plus près des personnalités du petit écran, ceux-ci ont un véritable rôle à jouer. En effet, ils déterminent l’ambiance générale de l’enregistrement et permettent ainsi à l’animateur de véhiculer une bonne image de son émission. De plus, il est toujours agréable pour les invités d’être applaudis à leur arrivée. Dès lors, pour être sûre d’avoir une assistance souriante, réactive et intéressée, les sociétés de production des programmes sollicitent des agences dont c’est la spécialité. Agence Idille, VIP TV, Cassandra, Casting Events, Lydie, MyClap.tv ou encore Castprod, au total elles sont environ une dizaine à offrir des prestations complètes. Du casting d’un public en fonction de critères précis à la réception ainsi qu’au placement des sélectionnés, elles proposent ainsi généralement un package de savoir-faire dont le coût varie en fonction de la popularité et des moyens financiers de l’émission. Mais sur le marché du « spectateur parfait » la concurrence fait rage. Et si fournir et gérer l’ensemble d’un public reste sans aucun doute un vrai métier dont il ne faut pas sous-estimer la difficulté, comment s’y prennent ses dénicheurs de spectateurs ? Explications et révélations avec David*, ancien casteur de public.

• Des rémunérations sous formes de chèques cadeaux pour appâter le public

Si des programmes phares, tels que The Voice dont certains candidats ont été trahis ou Ice Show le nouveau divertissement de M6, ne nécessitent qu’un simple tirage au sort, d’autres rencontrent beaucoup moins de succès en termes d’inscriptions. Et pour éviter les désistements, les agences n’hésitent pas à attirer les spectateurs en leur proposant une récompense à la fin du tournage. « Les tournages sont très longs. Ils peuvent durer plus de sept heures puisque les émissions sont tournées par salves. C’est pour cette raison que les agences de gestion de publics incitent les personnes à se déplacer en leur offrant des chèques cadeaux. Par exemple, sur Toute une Histoire, 20€ en Kadéos sont remis à la fin d’une journée d’enregistrement. Sans cela, les gens ne viendraient pas ! », indique David.

Et pour certains, cela représente même un complément de revenu qui permet d’arrondir les fins de mois. « On remarque que beaucoup de personnes âgées assistent aux émissions de façon régulière dans l’unique but de d’obtenir les chèques cadeaux. Mais pour nous, cela engendre un sérieux problème puisque nous devons donc multiplier nos recherches pour trouver des jeunes ! », déclare notre expert.

Car sur tous les plateaux la règle est la même : les meilleures places sont attribuées aux jolies demoiselles ainsi qu’à ceux qui ont fait un effort vestimentaire. « Au début sur Une famille en or, il y avait carrément un budget de 70 € par figurant ! Mais TF1 a décidé d’arrêter les frais car selon le groupe ça ne reflétait pas du tout l’image de notre société. Et même si aujourd’hui les chaînes font de plus en plus attention à ne pas excéder dans le jeunisme afin de continuer à séduire la fameuse ménagère, les boîtes de production souhaitent néanmoins continuer à mettre en avant « les beaux ». », ajoute-t-il.

Et outre la patience dont doit s’armer le spectateur qui est convoqué au minimum une heure avant d’entrer sur le plateau, celui-ci est également soumis à d’autres contraintes. « En amont on envoie par mail une autorisation de droit à l’image dans laquelle la personne doit accepter toutes les conditions relatives au tournage. Cela implique que la fixation et l’exploitation de l’enregistrement sont consenties pour une durée qui varie selon les émissions. Et en plus de l’administratif, le public est obligé de venir avec un code vestimentaire bien précis : des hauts de couleurs vives, pas de noir, de blanc, de rayures, de carreaux ou de survêtements avec logos et marques apparentes. », explique David.

Mais si toutes les agences de publics n’usent pas des mêmes techniques pour attirer les gens sur les plateaux, leur plus grande peur commune reste de ne pas arriver à remplir les gradins. « Quand le casting sauvage dans des endroits très fréquentés de Paris, comme Châtelet les Halles, ne fonctionne pas ou que les inscrits ne sont pas venus, c’est la panique. Là on est obligé de recruter en urgence des gens dans la rue en les suppliant de bien vouloir assister au programme. Sinon on peut demander aux employés de la production de faire de la figuration, mais là ça peut être un motif de fin de contrat. C’est pourquoi la veille de l’émission on passe notre journée à harceler les spectateurs dans le but de nous assurer qu’ils soient au rendez-vous. ».

Enfin, si vous vous demandez combien rapporte à l’agence votre venue dans le public, voici la réponse. « Avant nous étions payés 15€ par personne présente. Aujourd’hui, c’est entre 5 et 10 euros. Par exemple, sur Une famille en Or cela représente 8€ l’individu pour un public composé de 150 spectateurs au total. », conclut David.

A noter que même placé au premier rang, rien ne garantit pour le spectateur de passer à l’écran. En effet, quand celui-ci est assis juste derrière l’animateur ou sur les côtés du plateau, la caméra ne le filme pas ! Mais selon Andy Warhol « Dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale. »… Alors pourquoi pas vous ?

*Le prénom a été modifié