Publicité

Les séries US absentes du palmarès du Festival de Télévision de Monte-Carlo

Le 54ème Festival de Télévision de Monte-Carlo vient de se clore, et alors que les stars se sont bousculées dans la principauté de Monaco, le palmarès des Nymphes d’Or a été révélé : Top of the Lake, Lilyhammer, Episodes, Hostages, The Bridge… Même dans les catégories regroupant les productions internationales et pas uniquement européennes, les États-Unis ont brillé par leur absence : le palmarès a été squatté par des productions britanniques, danoises, norvégiennes et israéliennes.

Dans ce dernier cas, la gifle a été d’autant plus cuisante pour Jerry Bruckheimer : invité d’honneur de cette édition, le célèbre producteur des Experts a assisté depuis la salle au triomphe de la série israélienne Hostages… dont il a lui-même produit un remake américain pour CBS qui s’est avéré être l’un des échecs de la saison.

Le remake face à l’original
Les américains s’emparent régulièrement des grands succès des télévisions étrangères pour en produire des versions plus adaptées à leur public, mais cela ne semble pas soucier les personnes qui ont initié les projets originaux. Ainsi, les relations entre la Suède et le Danemark, sujet pourtant au cœur de la série policière Bron, peuvent trouver un équivalent dans chaque pays. « Tous les pays ont leurs propres relations avec un pays voisin et on peut développer l’histoire de manière différente » m’a affirmé Sofia Helin lors du Festival. La comédienne tient en effet dans Bron le rôle de la très froide enquêtrice Saga Noren, un personnage qui a ensuite été repris par Diane Kruger dans la version américaine The Bridge, et par Clemence Poesy dans la version française Tunnel.
« Je n’ai vu que 5 minutes des versions étrangères, mais ça serait formidable pour moi de rencontrer les autres Saga et de connaître leurs impressions en interprétant ce personnage, car c’est vraiment une expérience très étrange » m’a raconté Helin.


Broen Trailerpar Flixgr
La spécificité Danoise
Mais qu’il s’agisse de Bron, de Forbrydelsen - plus connue sous le nom de The Killing - ou de nombreuses autres productions scandinaves, celles-ci séduisent maintenant les téléspectateurs du monde entier, et pas seulement ceux de leur pays d’origine. « Peut-être est-ce parce que nous avons un côté sombre » explique Sofia Helin. « Nous vivons d’ailleurs une partie de l’année dans le noir ! De plus, c’est sans doute lié au fait qu’on ne fait pas des séries qui vont à toute allure, et le reste du monde en a peut-être marre des séries rapides et légères. »

Un Soprano en Norvège

Lui aussi présent au Festival de Télévision de Monte-Carlo, Steven Van Zandt n’est pas juste la vedette de Lilyhammer (une série diffusée sur Canal+), il en est aussi le producteur et le co-scénariste. « Bien sûr, je peux jouer ce personnage car j’avais déjà tenu le rôle d’un gangster dans Les Soprano, même s’il était très différent » m’a-t-il expliqué. « Je ne pouvais pas refuser l’idée d’être la vedette d’une série dans un pays étranger. » Dans Lilyhammer, il joue en effet le rôle d’un gangster américain perdu dans une petite ville de Norvège !
« On pensait dès le début produire la série pour la Norvège et aussi pour le reste du monde, mais c’était un peu bizarre car la Norvège n’avait jamais exporté de série télé. On voulait être les premiers ! » raconte Van Zandt. « Pour la rendre plus universelle, ce que j’ai appris de Bruce Springsteen [pour qui il est guitariste – ndlr] et de David Chase [le créateur des Soprano – ndlr], c’est qu’il faut rendre l’histoire encore plus locale, encore plus norvégienne. La Norvège est un mystère absolu pour beaucoup de gens. On ne connait rien de la Norvège ! À moins d’y vivre, personne ne sait qu’il s’agit du pays le plus riche du monde ! Depuis qu’ils ont découvert du pétrole en 1962, la vie y est très chère, et c’est donc un pays merveilleux mais très mystérieux. Ça a rendu la série imprévisible. »


Coffret DVD Lilyhammer - Extrait L2par upvfrance

Pas de doublage, ni de remake
Steven Van Zandt insiste sur la spécificité de Lilyhammer : « Pour la première fois, une série a été diffusée aux États-Unis [sur Netflix - ndlr] dans sa forme originale sans être doublée mais sous-titrée, sans qu’il s’agisse d’un remake… La série originale ! Tout ce que j’espère, c’est que cela va ouvrir un échange culturel véritable avec des productions françaises ou espagnoles. » Et son souhait d’être exaucé quand on voit le succès qu’a obtenu Les Revenants sur Sundance Channel aux États-Unis.

Mais ne nous faisons pas d’illusion. Si la télévision de qualité a bien été récompensée lors du Festival de Télévision de Monte-Carlo, les audiences n’ont pas non plus été oubliées lors de la cérémonie de clôture. Les prix des meilleures audiences internationales ont récompensé NCIS, Modern Family et Amour, Gloire et Beauté. L’Amérique est toujours triomphante, au bout du compte.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

Crédit photo : © Særún Norén /Filmlance International AB