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A la racine de la série.

A la racine de la série.

Commenter et s’interroger sur les séries, les tendances, leur évolution et leur progression c’est ce qui fut à la base de ce blog mais dans ces débats, analyses et controverses que j’ai souvent évoqués ici, il reste toujours une réalité. Je vous propose d’aller à la racine de ces débats et de vous interroger sur ce qui fait une bonne série. Tout simplement.
Se plonger dans le passé, avoir du recul sur les tendances du moment que les grands manitous du marketing nous vendent comme des « révolutions », cela permet d’aller au fond des choses. Entre l’arrivée de Netflix, la difficulté des français à industrialiser leurs séries, les errances des networks américains pour obtenir une série mainstream, la sophistication de l’écriture, les formats qui changent (12 épisodes – mini-série – anthologie…), il y a plusieurs constantes.
- Les séries ont toujours été un élément constitutif majeur des chaines de télévision, quelque- soit le pays dont on parle. Aux USA où elles remplissent les grilles, en France où Belphegor devenait un rendez- vous aussi essentiel que ne l’est Game of Thrones aujourd’hui. On a eu beau annoncer la mort des séries au moment de l’apparition de la télé-réalité, le genre a pris sa place dans le paysage audiovisuel sans pour autant détruire la fiction. Encore de nos jours, le nombre de séries diffusées est toujours aussi important.
- La série, encore plus que le cinéma ou la littérature, a profité des technologies pour augmenter sa visibilité. On peut les voir non plus seulement à la télé mais aussi en DVD, en Blu-Ray, elles sont disponibles en VOD, sur le replay des chaines, on peut les télécharger sur internet, sur ITunes… On peut parler de démocratisation.
- La série a toujours été le reflet de la société dans laquelle elle est produite. C’est une évidence et c’est la même pour un auteur de romans ou un réalisateur de films mais il est bon de rappeler que, si les séries montrent avec autant d’acuité l’évolution de notre société, c’est qu’elles sont faites par des gens en proie aux mêmes interrogations et centres d’intérêt que nous. Qu’il s’agisse d’une série se déroulantt dans les années 60 ou sur une autre planète, c’est toujours la résonance contemporaine qui ressort chez ceux qui l’écrivent.

Car, et voilà la racine des choses, la série a pour but, avant tout, de raconter des histoires. Passionner, émouvoir, interroger, à travers une histoire et des personnages qui, eux, peuvent vivre et se complexifier au fil de plusieurs épisodes. Ce qui va séduire le spectateur ne sera jamais, à long terme, le gimmick, la réalisation tonitruante, les effets visuels les moyens dépensés, le sexe, ou le fait de voir 13 épisodes en un week- end… car le spectateur peut arrêter dès lors qu’il s’ennuie ! Ce qui va séduire, avant tout, c’est le parcours narratif, le cheminement des personnages, la progression de l’intrigue. Qu’on joue sur un suspense, une évolution, une rédemption, le rêve d’un avenir possible, l’indicible volonté de survivre… tout cela est au cœur de la série.
Tout cela fera son succès –ou son échec. Car bien plus qu’un blockbuster avec Brad Pitt, ce qui fait rester le téléspectateur plusieurs épisodes durant, c’ est l’espoir de voir avancer le propos.
Et cela reste vrai quelque- soit la contrainte technique, les moyens, la chaine, le net, la controverse… Depuis les Incorruptibles jusqu’à True Detective.

Alain Carrazé , Directeur de 8 Art City.