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All about James : l’autre facette des vedettes de séries

All about James : l’autre facette des vedettes de séries

Même si cela a tendance à s’estomper en France, on a toujours du mal à imaginer sur le même piédestal des acteurs de séries télé et des acteurs de cinéma. Pas aux États-Unis et le film All About Albert - qui sort en salles la semaine prochaine - en est la preuve.


All about Albert Bande-annoncepar toutlecine

Non seulement sa réalisatrice, Nicole Holofcener, est une habituée des séries HBO (elle a déjà mis en scène des épisodes de Sex and the City et de Six Feet Under) mais les deux acteurs principaux de cette comédie romantique sont Julia Louis-Dreyfus (actuelle vedette de la comédie Veep et ex de la cultissime Seinfeld) et le regretté James Gandolfini, l’inoubliable Tony Soprano. Tous deux sont extrêmement justes et touchants dans cette histoire d’amour improbable, minée par le mensonge. Mais ils sont aussi à contre-courant de l’image habituelle renvoyée par les rôles qui les ont rendus célèbres.

La série est un apprentissage

La réalisatrice, avec laquelle j’ai pu m’entretenir, partage son temps entre la télévision et le cinéma ; pour elle, les deux exercices sont complémentaires. « Travailler sur des projets de qualité comme les séries où j’ai œuvré, est un apprentissage solide » m’a-t-elle raconté. « Mon but est de satisfaire le scénariste et les créateurs. Plus je travaille sur une série, plus cela me donne confiance pour faire mon film. Il est difficile de réaliser pour une série car, par exemple, les acteurs connaissent leurs personnages bien mieux que moi. Ce qui ne les empêche pas de vouloir être dirigés, car les bons acteurs veulent avoir une direction. »

La réalisatrice invisible

« Quand je réalise un épisode d’une série, j’essaie d’être invisible, bien plus que je ne le suis sur un film, parce que la série existe déjà et que je ne veux pas tout casser » explique-t-elle. « Je peux aider un acteur à tenter quelque chose de différent, à ajouter une pause, le faire aller plus vite, ajouter un peu de solennité… mais je me dois de rester dans la série. »
Sur son choix d’engager l’actrice de Seinfeld pour tenir le rôle de cette masseuse divorcée qui doute de la sincérité de l’homme qu’elle a rencontré, la réalisatrice reconnait volontiers que les images toutes faites sont bien tenaces. « Je connaissais le talent comique de Julia Louis-Dreyfus grâce à Seinfeld, mais j’ignorais si elle conviendrait pour le rôle. En fait, j’ai dû surmonter mon admiration pour Seinfeld et l’engager malgré cela, car c’est un stéréotype difficile à oublier. Elle et moi partageons l’idée que l’humour peut se nicher même dans les moments les plus tristes. »

Gandolfini, un grand timide
En ce qui concerne James Gandolfini, la réalisatrice a découvert un homme à l’image entièrement opposée à son rôle de maffieux du New Jersey. « Il n’avait aucune confiance en lui. Jim blaguait beaucoup et avait beaucoup d’autodérision. Il n’était pas très charitable avec lui-même, ce qui, bien sûr, le rendait encore plus sexy. Il n’arrêtait pas de se demander ce que le personnage de Julia allait bien pouvoir lui trouver… Je le rassurais en lui disant que c’était lui que j’avais choisi, qu’il était parfait pour le rôle et que toutes les femmes présentes sur le tournage le trouvaient attirant. »
Et de poursuivre sur l’homme derrière l’acteur : « Il n’avait aucune prétention. Je ne l’ai connu que pendant deux mois et les années Soprano ont été formidables pour lui. Il était très timide et ne voulait pas être célèbre. Il fallait gagner sa confiance. Il était gêné par les interviews et il n’était pas très sûr de lui quand il jouait, ce que je trouvais être son atout principal. À chaque scène, il était ouvert à la critique. Tous les grands acteurs sont comme ça. »

Pour balayer définitivement les préjugés qui peuvent circuler sur les acteurs de télé qui passent au cinéma, Holofcener m’a raconté que les deux acteurs étaient loin de se la « péter » pendant le tournage : « Jim et Julia ne voulaient pas évoquer leur séries. Pour eux, c’était le passé. »

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

Crédit photo : Fox Searchlight