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New York Unité Spéciale et l’affaire DSK

TF1 vient de commencer la diffusion de la dernière saison en date de New York Unité Spéciale, la dernière survivante des séries issues de la franchise Law & Order (New York District, New York Section Criminelle…). En ouverture, la chaîne a programmé le fameux épisode inspiré de l'affaire DSK. Controverse ? Chez nous oui, mais pas aux Etats-Unis.

Fidèle à sa réputation, la série bâtit un scénario qui fait irrémédiablement penser à l'affaire Dominique Strauss-Kahn : Franco Nero, grand acteur de cinéma, tient le rôle d'un diplomate italien qui est accusée du viol d'une femme de chambre soudanaise. Le rapprochement est évident.
Aux Etats-Unis, la diffusion de cet épisode n'a pas soulevé de polémique particulière tant les téléspectateurs américains sont habitués à ce que la franchise Law & Order basent ses histoires sur de véritables faits-divers. Grâce à quelques changements appropriés, et à des noms différents, les producteurs peuvent prétendre à une fiction et l'annoncent ainsi dès l'ouverture de l'épisode. Il n'y a donc pas de procès possible.

Depuis ses débuts, Law & Order s'est fait une spécialité de s'inspirer d'histoires « ripped from the headlines », c'est à dire clairement inspirées des gros titres de la presse. Le tout premier épisode de New York District s'inspirait assez nettement du cas du Dr Kevorkian, qui euthanasiait ses malades. Depuis, les cas abondent et les scénarios de certains épisodes font irrémédiablement penser à des scandales touchant des émissions de télé-réalité, des sportifs blessés par le père de leur plus proche concurrent, la mort controversée de Nicole Brown Simpson (la femme de OJ Simpson) et de dizaines d'autres situations qui nous sont, pour la plupart, inconnues mais qui ont passionnés les américains et ont fait le bonheur des magazines de faits-divers.
En faire une fiction et se protéger légalement par un changement dans les noms et les situations n'empêche pas les soucis, ni les réactions souvent outrées des protagonistes de ces affaires bien réelles qui découvrent ainsi leurs vies retranscrites en mots à peine voilés, sans qu'on ne les ait prévenus, toujours pour des raisons légales. Pire : la série aime à rajouter des meurtres à des situations qui, initialement, n'en comportaient aucun ! Ainsi, un procès avec une demande de quelques 15 millions de dollars pour dommages et intérêts a été intenté contre la série, sous l'argument qu'une fiction peut blesser une personne bien réelle, lorsque la similarité des situations est trop criante.

D'un autre côté, la série a l'avantage de donner un autre éclairage, de ne pas être un documentaire totalement conforme à la réalité mais de partir d'une situation pour aborder des problèmes sociétaux intéressants. Dans le cas de l'épisode centré sur le cas DSK, les sujets abordés, comme l'immunité morale et physique, et le doute qui plane sur la crédibilité d'une victime de par la couleur de sa peau, sont des éléments qui méritent d'être soulignés et peuvent engendrer un débat.
La série a-t-elle eut raison de s'inspirer du cas DSK ? Non, s'il s'agit de faire du sensationnalisme, oui s'il reste le socle pour tisser une intrigue satisfaisante.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

Crédit photo : NBC Universal