Publicité

Comment un western relance tout un genre.

Dimanche, Canal + diffusera la conclusion de Hatfields & McCoys, une saga western en 3 parties, retraçant la querelle devenue mythique entre deux familles, juste après la guerre de Sécession. Vous ne vous en rendrez peut-être pas compte, mais cette production a non seulement obtenu un succès record aux États-Unis, mais elle a relancé, à elle toute seule, tout un genre télévisuel tombé en désuétude : la mini-série. Vous l’ignorez peut-être, mais vos prochaines soirées télé ont été dictées par l’impact considérable qu’ont obtenu les Hatfields & les McCoys.

Une histoire entrée dans la légende.

L’histoire bien réelle qui est à la base de cette mini-série met en scène une rivalité qui se transforme en vengeance, entraîne sacrifices, crimes et donne lieu à une véritable guerre de tranchées et à une hécatombe. Pour mettre en scène ce pan d’histoire, la chaîne américaine History Channel, qui diffuse habituellement des documentaires et dont c’est la première série de fiction, à misé sur d’énormes moyens et la mise en scène épique de Kevin Reynolds, le metteur en scène de Robin des Bois : Prince des Voleurs et de Waterworld, avec encore Kevin Costner. Le même Costner que l’on retrouve dans le rôle principal de Anse Hatfield, face à Bill Paxton qui tient le rôle de Randall McCoy. Une production de luxe, donc, même si elle apparaît très classique.

Un succès inattendu et phénoménal.

Au moment de sa diffusion, la première partie de la mini-série frappe fort : 13.900.000 spectateurs sont devant leur écran. Un record pour une chaîne câblée. C’est la stupéfaction dans toute la communauté hollywoodienne, non seulement parce que la mini-série est un style de programme tombé en désuétude, mais aussi parce que le genre western est lui-même peu attractif depuis des années. À peine le temps d’analyser ce succès que le 3e et dernier épisode fait encore mieux : 14.300.000 spectateurs ! Quelques mois plus tard, elle remporte 5 Emmy Awards. C’est un succès qu’on ne peut plus ignorer et qui va donc faire des petits…

Le retour de la mini-série.

La mini-série est un format qui a été très prisé dans les années 70 et 80 et a offert ses plus belles heures à la télévision. L’idée est simple : plutôt qu’une série de 25 épisodes par an dont on peut poursuivre et étirer l’histoire des années durant, la mini-série a un début, un milieu et une fin, et ce généralement en 4 ou 5 parties. Diffusées « en rafale » toute une semaine durant, des séries prestigieuses comme le Riche et le pauvre, Holocaust, Racines, Shogun ou Les oiseaux se cachent pour mourir bénéficient d’un budget et d’un soin bien plus importants que l’habituel épisode télé. Si ces productions sont moins rentables, elles restent des véritables évènements pour des chaînes qui boostent ainsi leur audience l’espace de quelques jours.
Par la suite, à l’exception de quelques adaptations de romans de Stephen King et de projets produits pour HBO par Steven Spielberg et Tom Hanks (de la Terre à la lune, Band of Brothers et le dispendieux Pacific), la mini-série n’a plus trouvé grâce auprès des chaînes américaines. Par contre, en Europe et surtout en France, on s’est lancé dans la production de « sagas de l’été » et de séries bouclées événementielles, telles Les Beaux Mecs avec Simon Abkarian, Signature ou le Vol des Cigognes. Et on a encore en tête, à l’international, les Piliers de la Terre et Un Monde sans Fin, adaptant les romans de Ken Follett (l’adaptation de grands romans est un peu la constante du genre).

L’effet Hatfields.

Le format porte maintenant le nom de « série limitée » ou de « série événementielle », mais il s’agit bel et bien de mini-séries qui reviennent donc en force après le succès de Hatfields & McCoy et celui, tout aussi exceptionnel, d’une adaptation télé de La Bible, produite par Mark Burnett (le concepteur de Survivor, format original de Kho Lanta) qui a recueilli en moyenne 11.400.000 spectateurs.
Les projets se multiplient depuis mai dernier et les chaînes lancent frénétiquement des séries limitées telles que Fargo, un remake en 10 épisodes du film de 1996, Shogun, un remake (encore) de la mini-série,, un autre remake de Rosemary’s Baby, des Tommyknockers de Stephen King, des projets retraçant la vie de Houdini, de O.-J. Simpsons, de Cléopâtre, de Hillary Clinton (avec Diane Lane dans le rôle), de Bonnie & Clyde… et le réalisateur M. Night Shyamalan (le Sixième Sens) prépare Wayward Pines, un thriller annoncé dans la lignée de Twin Peaks ! Même 24 heures chrono est ressuscitée, pour donner lieu à une série limitée !
Le but, pour les chaînes du monde entier, est simple : créer un évènement ponctuel pour concurrencer les programmes de télé-réalité du type The Voice. Promettre au spectateur un spectacle hors du commun, dont il connaîtra très vite la conclusion sans avoir à attendre des années. Une promesse qui ne sera peut-être pas tenue, quand on apprend que la mini-série Under the Dome qui cartonne cet été aux USA et qui sera prochainement diffusée sur M6, connaîtra une suite malgré son sujet très limité…
Alain Carrazé, directeur de 8 Art City http://www.8artcity.com

Crédits photo : © History / Canal +