Les zombies font des ravages.

C’est un euphémisme de dire que la saison 4 de The Walking Dead est très attendue, mais on ne pouvait imaginer à quel point. En effet, il y a quelques jours, la série a pulvérisé un record d’audience pour son premier épisode. Et le diffuseur français, OCS, qui programme la série moins de 24 heures après sa diffusion américaine, de se frotter les mains. NT1, quant à elle, rediffuse la saison 1 avant d’enchaîner avec la 2, inédite en clair, mi-novembre.

Des audiences record

Le site itstvnews.com, qui récolte toutes les infos d’audience sur les séries en provenance des États-Unis, croule sous les chiffres : avec 16,1 millions de téléspectateurs, c’est un nouveau record d’audience historique, avec plus de 5 millions de téléspectateurs en plus par rapport à la saison dernière, soit + 48 %. Non seulement cet épisode a cartonné sur les cibles jeunes 18/49 ans, mais il fait plus d’audience sur cette même cible qu’aucune autre série actuelle !

À son démarrage, en 2010, The Walking Dead avait déjà réuni 5,4 millions d’Américains, mais le chemin parcouru depuis est incroyable. Rencontrée à un récent MIPCOM, la productrice Gale Ann Hurd nous a confié être tout aussi surprise. « On s’attendait à plaire à un public qui est déjà attiré par les films de ce genre, les films de zombies, qui lisent le comics d’où est tirée la série, et notre attente était d’aller au-delà de ce public. Clairement, on a séduit un public très au-delà, de gens qui pouvaient dire qu’ils ne regarderaient jamais un film avec des zombies ».

Les séries choc au top.

Et en effet, on ne peut qu’être étonné devant cette déferlante. Même si The Walking Dead se présente avant tout comme une série sur un groupe de personnages tentant de survivre dans un milieu hostile (comme une pléiade d’autres, de Survivor à Revolution, prochainement annoncée sur TF1), les attaques contre les zombies sont tout de même bien présentes et sont montrées de façon très graphique.

On pourrait penser que des scènes aussi gores feraient se détourner le public, et il semble que non. On peut clairement en conclure que le public est en train de changer, les jeunes générations étant prêtes à se passionner pour une série sans concession, d’autant plus si elle est addictive et plonge dans l’horreur. Car face à ce record, American Horror Story, l’anthologie horrifique de Ryan Murphy, fait elle aussi des étincelles : Le premier épisode de la saison 3, American Horror Story : Coven, a rassemblé 5,54 millions de téléspectateurs, un record pour la série.

Des séries plus exigeantes.

À nouveau, il s’agit une série issue et diffusée sur le câble américain, ce qui lui permet donc d’être plus pointue et plus ouverte que les séries des chaînes gratuites. Et le fossé se resserre encore : le premier épisode de la saison 3 de Homeland a réalisé le meilleur démarrage pour une nouvelle saison sur la chaîne Showtime. Sur cette même chaîne payante, le final de Dexter a fait 2,8 millions de téléspectateurs exactement, ni plus ni moins que la meilleure audience jamais réalisée par la série. Et Breaking Bad, la série du moment, s’est achevée sur un autre record : 10,3 millions d’Américains ont suivi la fin de la descente aux enfers de Walter White.

La preuve est faite que l’effet, initié il y a plus d’une décennie par Les Sopranos, est maintenant devenu incontournable. Des spectateurs de la jeune génération font un triomphe à des productions plus ambitieuses, décomplexées, qui parlent de drogue, de morts, de zombies ou de sorcières avec une structure narrative complexe et des effets-chocs. Même si des nouvelles séries de la rentrée atteignent elles aussi des chiffres similaires, il faut être très lucide. D’ici 3 ou 4 ans, avec le développement des diffusions en US+24, des chaînes payantes focalisées sur les séries comme Canal+ Séries ou OCS, et des nouveaux venus comme Netflix qui arrivera tôt ou tard sur notre marché, les séries de ce style vont monter en puissance. Actuellement, les audiences sont toujours trustées par des productions policières très formatées pour le grand public, et les Doctor Who et autre Hero Corp ont peu de place dans les médias. Mais il faut prendre ces chiffres américains comme un coup de semonce. Ces séries au public très fidèle et pratiquant le multi écrans vont bientôt aussi avoir leur audience décuplée chez nous (à condition bien sûr qu’une diffusion légale puisse se généraliser).

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City http://www.8artcity.com Crédits

photo : © Fox International