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Les séries ont-elles besoin de Steven Seagal ?

Steven Seagal est, sans l’ombre d’un doute, l’une des stars de films d’action les plus célèbres. Depuis les années 90, grâce à des productions comme Piège en Haute Mer, l’homme est devenu une figure incontournable au même titre que Chuck Norris ou Sylvester Stallone. Même si son succès s’est un peu effrité par la suite, il reste très célèbre… mais fallait-il pour autant lui donner sa série et en faire deux saisons ?

Série ou téléfilm ? Les deux !

La deuxième saison inédite de la série True Justice commence ce soir sur 13ème Rue. Si vous avez déjà vu la saison 1 sur cette même chaîne, vous avez sans doute eu l’impression de l’avoir revue ailleurs… et pour cause, puisque la saison 1 a ensuite été diffusée avec succès sur NRJ12.
Le sentiment de déjà-vu continue puisque même D8 a diffusé cette saison, mais sous une forme remontée ! En effet, les épisodes de la série sont compilés deux par deux (même quand ils n’ont aucun lien entre eux !) pour donner ainsi naissance à des « films ». Ceux-ci sont même édités en DVD et Blu-ray, et sont vendus à des chaines de télé… alors que la série est déjà en droit exclusif chez une autre.
La pratique n’est pas nouvelle : déjà on compilait, sous des titres mensongers des épisodes de séries des années 70 pour en faire des téléfilms en VHS ou à la télévision. Avant de voir Alien Attack, qui se doutait qu’il s’agissait en fait de deux épisodes de Cosmos 1999 mis bout à bout ?


Une série déjà vintage

Mais si cette pratique fleure bon les décennies passées, le contenu de la série de Steven Seagal aussi. True Justice est un cop show tourné, écrit et produit comme dans les années 80 : Elijah Cane (Seagal) est à la tête d’une équipe spéciale de la police (équipe qui se fait décimer et est totalement modifiée au début de la saison 2). Dire que ces épisodes sont d’une grande platitude est un euphémisme… Mais on est surtout là pour voir Steven Seagal faire sa prise favorite : le cassage de bras !
Heureusement, si la vedette se faisait rare dans la saison 1 (présence minimum et doublure dès qu’il était de dos), il est bien plus présent dans la nouvelle saison.
Mais Steven Seagal n’est pas uniquement la vedette de la série. Il est aussi crédité comme créateur et producteur exécutif. Interviewé à Paris en 2011 lors de son lancement, il nous confirmait pourtant son détachement avec des réponses syncopées et extrêmement brèves. Florilège :
« Je pensais que si je faisais quelque chose de différent, cela aurait du succès. »
« Le personnage a été créé par moi et basé sur moi. »
« J’apprécie autant de jouer que de faire de la musique. »
« Tout le monde souhaite me voir faire cela. » (la prise au bras - ndlr)
Bref, difficile de parler plus précisément avec lui de la production de la série. Mais, au fond, est-ce bien utile ? Seagal n’a aucune intention de produire des séries autres que celles qui exploitent son « talent » (comprendre : son nom) et qui lui permettent d’exploiter son travail sur de multiples supports. « On a voulu produire la série à la manière des films policiers des années 60, 70 ou 80, et je souhaitais que cela soit basé sur de vraies enquêtes », précisait-il.


Le Steven Seagal show

À l’heure où les séries jouent la carte d’une réalisation soignée, de budgets imposants et de scènes d’action dignes des blockbusters, y a-t-il encore une place pour des fusillades très traditionnelles et des bagarres à mains nues comme on en voit dans True Justice ? Sans doute, mais pas pour les accros à des fictions plus sophistiquées.
En fait, le seul souci avec la série de Steven Seagal est qu’il fait du Steven Seagal, et s’adresse uniquement à ceux qui veulent voir du Steven Seagal. True Justice manque clairement d’intérêt pour tous les autres téléspectateurs. En fait, après l’effondrement du marché du DVD que Seagal avait pris l’habitude d’inonder avec des films qui ne passait même plus par la case cinéma, l’acteur se sert du medium télé pour continuer à produire les même téléfilms, extrêmement rentables sur le marché de l’action. Un manque d’ambition criant !
On se souvient pourtant qu’il avait fait une apparition dans la sitcom Roseanne C’était une amie et elle m’avait demandé de venir 5 secondes dans un épisode. ») et on se prend à rêver qu’il puisse faire d’autres apparitions clins d’œil dans des comédies. Mais ce jour-là n’est pas encore venu et Seagal continue à faire semblant de casser des bras…

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

(Propos recueillis par Romain Nigita)

Crédit photo : © Voltage Pictures