L’Odyssée de Pénélope

Jeudi soir démarre Odysseus, la nouvelle production d'Arte : cette coproduction internationale en 12 épisodes tournés en français a pour ambition de jeter un regard différent sur une histoire mythologique : celle d’Ulysse.

Autant vous le dire tout de suite : j’ai été enthousiasmé par cette série. Elle contient bon nombre de défauts et ses moyens ne sont pas toujours à la hauteur de son propos… mais elle possède, à mon sens, deux qualités qui balayent radicalement toute ses imperfections : un souffle épique que la narration extrêmement maîtrisée porte par moment à ses sommets, et une originalité dans le propos qui entraîne le respect.

Dans sa deuxième partie, Odysseus se concentre sur le retour Ulysse, un prisonnier de guerre dont l'état psychologique n'est pas aussi stable qu’on pourrait le croire. Mais encore plus stupéfiant, dans la première moitié, c’est Pénélope qui nous sert de guide et qui est la figure héroïque de la série. C’est sur elle que la série se focalise, et non pas sur les voyages d’Ulysse, qui sont à peine évoqués. Tout juste revient-il aux oreilles de la reine d’Ithaque que son mari est toujours en vie... dans les bras d’une autre femme dénommée Circée. Caterina Murino (qui s’est illustrée notamment dans Casino Royale aux côtés de Daniel Craig) n’en est pas à son coup d’essai dans les séries, entre XIII et des productions de la télévision italienne. Rencontrée en avril dernier au MIPtv à Cannes, elle parle d’Odysseus et de ses six mois de tournage avec un enthousiasme et une passion sans faille.

Ithaque grandeur nature

« Quand je suis arrivée sur le plateau au Portugal, j’ai découvert qu’ils avaient construit totalement toute l’île d’Ithaque. Un vrai Disneyland, d’une grande ampleur. En entrant, ça faisait d’ailleurs bizarre d’être habillée de manière contemporaine. À l’entrée, il y avait des murs imposants avec des rochers qui ouvraient un portail en bois. Il y avait une immense cour, le palais de Télémaque, en vrai ! À l’intérieur de l’île ! Plus loin, la chambre de Pénélope, qui faisait au moins 100 m² avec la lumière qui pénètre entre les grilles des fenêtres, puis on descendait l’escalier et il y avait la salle du trône, avec tous les lits où les prétendants font le banquet… Il y avait une cour de 200 m² où il y avait de petites tentes, et ça nous ramenait aux ruelles du village qui faisaient comme un labyrinthe, et tout ça, pour arriver à l’Agora où on faisait l’assemblée et le temple d’Artémis, où Pénélope passait des heures et des heures à prier pour le retour d’Ulysse. »

Une femme qui attend

Après cette véritable visite guidée, Caterina m'a raconté ce qui, pour elle, faisait le sel de la série. « Ce que je trouve très intelligent, c’est que les scénaristes ont pensé "Comment est-ce possible qu’un royaume ait pu tenir 20 ans si une reine pleurait tout le temps dans sa chambre ?". Nous racontons donc tout ce qui s’est vraiment passé à Ithaque. On aura une reine désespérée avec un immense chagrin d’amour, une vie de reine, de mère et d’épouse. Mais chaque jour, elle se réveille en attendant son mari et chaque jour elle doit penser à de nouvelles ruses pour tenir la journée et pour attendre le lendemain, jusqu’à ce qu’Ulysse rentre. »

Caterina Murino poursuit : « Elle doit maintenir le royaume. Elle a éduqué son enfant d’une façon différente de la façon dont elle l’aurait éduqué avec Ulysse, car lui, c’est un homme extrêmement intelligent mais qui est habitué à la guerre. Ulysse va revenir en tant que roi, qui pense avoir la force et le pouvoir de tuer tout le monde. Moi, pendant 20 ans, j’ai éduqué un enfant à la paix. Mais la force de Pénélope, c’est qu’elle a créé une autre Pénélope à travers Télémaque. Dans la folie d’Ulysse, Pénélope décide de rester à ses côtés. Elle ne le quitte pas, même si elle comprend que son mari est totalement perdu ! Et il va amener son royaume à la mort, et c’est pour ça que l’éducation qu’elle a donnée à Télémaque va faire tenir le royaume jusqu’à la fin. »

Guerre et paix

Si vous craignez qu'Odysseus ne soit qu’une exploitation du mythe et une trahison de la réalité telle qu’Homère la retrace, sachez que les scénaristes, au rang desquels on peut nommer Frédéric Azemar, Olivier Kohn (Reporters sur Canal+) et Frederic Krivine (Un village français), ont trouvé une explication en guise de clin d’œil à ce décalage par rapport au mythe.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City
crédit photo : Jean-Marie Marion

L'Odyssée de Pénélope

Ce soir démarre Odysseus, la nouvelle production d'Arte : cette co-production internationale en 12 épisodes tournés en français a pour ambition de jeter un regard différent sur une histoire mythologique : celle d’Ulysse.

Autant vous le dire tout de suite : j’ai été enthousiasmé par cette série. Elle contient bon nombre de défauts et ses moyens ne sont pas toujours à la hauteur de son propos… mais elle possède, à mon sens, deux qualités qui balayent radicalement toute ses imperfections : un souffle épique que la narration extrêmement maîtrisée porte par moment à ses sommets, et une originalité dans le propos qui entraîne le respect.

Dans sa deuxième partie, Odysseus se concentre sur le retour Ulysse, un prisonnier de guerre dont l'état psychologique n'est pas aussi stable qu’on pourrait le croire. Mais encore plus stupéfiant, dans la première moitié, c’est Pénélope qui nous sert de guide et qui est la figure héroïque de la série. C’est sur elle que la série se focalise, et non pas sur les voyages d’Ulysse, qui sont à peine évoqués. Tout juste revient-il aux oreilles de la reine d’Ithaque que son mari est toujours en vie... dans les bras d’une autre femme dénommée Circée. Caterina Murino (qui s’est illustrée notamment dans Casino Royale aux côtés de Daniel Craig) n’en est pas à son coup d’essai dans les séries, entre XIII et des productions de la télévision italienne. Rencontrée en avril dernier au MIPtv à Cannes, elle parle d’Odysseus et de ses 6 mois de tournage avec un enthousiasme et une passion sans faille.

Ithaque grandeur nature

« Quand je suis arrivée sur le plateau au Portugal, j’ai découvert qu’ils avaient construit totalement toute l’île d’Ithaque. Un vrai Disneyland, d’une grande ampleur. En entrant, ça faisait d’ailleurs bizarre d’être habillée de manière contemporaine. À l’entrée, il y avait des murs imposants avec des rochers qui ouvraient un portail en bois. Il y avait une immense cour, le palais de Télémaque, en vrai ! À l’intérieur de l’île ! Plus loin, la chambre de Pénélope, qui faisait au moins 100 m² avec la lumière qui pénètre entre les grilles des fenêtres, puis on descendait l’escalier et il y avait la salle du trône donc avec tous les lits où les prétendants font le banquet… Il y avait une cour de 200 m² où il y avait de petites tentes, et ça nous ramenait aux ruelles du village qui faisaient comme un labyrinthe, et tout ça, pour arriver à l’Agora où on faisait l’assemblée et le temple d’Artémis, où Pénélope passait des heures et des heures à prier pour le retour d’Ulysse. »

Une femme qui attend

Après cette véritable visite guidée, Caterina m'a raconté ce qui, pour elle, formait le sel de la série. « Ce que je trouve très intelligent, c’est que les scénaristes ont pensé « Comment est-ce possible qu’un royaume ait pu tenir 20 ans si une reine pleurait tout le temps dans sa chambre ? ».Nous racontons donc tout ce qui s’est vraiment passé à Ithaque. On aura une reine désespérée avec un immense chagrin d’amour, une vie de reine, de mère et d’épouse. Mais chaque jour, elle se réveille en attendant son mari et chaque jour elle doit penser à de nouvelles ruses pour tenir la journée et pour attendre le lendemain, jusqu’à ce qu’Ulysse rentre. »

Caterina Murino poursuit : « Elle doit maintenir le royaume. Elle a éduqué son enfant d’une façon différente de la façon dont elle l’aurait éduqué avec Ulysse, car lui, c’est un homme extrêmement intelligent mais qui est habitué à la guerre. Ulysse va revenir en tant que roi qui pense avoir la force et le pouvoir de tuer tout le monde. Moi, pendant 20 ans, j’ai éduqué un enfant à la paix. Mais la force de Pénélope, c’est qu’elle a créé une autre Pénélope à travers Télémaque. Dans la folie d’Ulysse, Pénélope décide de rester à ses côtés. Elle ne le quitte pas, même si elle comprend que son mari est totalement perdu ! Et il va amener son royaume à la mort, et c’est pour ça que l’éducation qu’elle a donnée à Télémaque va faire tenir le royaume jusqu’à la fin. »

Guerre et paix

Si vous craignez que Odysseus ne soit qu’une exploitation du mythe et une trahison de la réalité telle qu’Homère la retrace, sachez que les scénaristes, au rang desquels on peut nommer Frédéric Azemar, Olivier Kohn (Reporters sur Canal +) et Frederic Krivine (Un Village Français), ont trouvé une explication en guise de clin d’œil à ce décalage par rapport au mythe.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City www.8artcity.com

crédit photo : Jean-Marie Marion