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Il était une fois Once Upon a Time

Le reproche fait aux séries américaines - par ceux qui ne regardent pas de séries américaines - c'est souvent qu'elles sont « toutes violentes ». On assimile « séries policières » et « séries américaines », comme si seul ce genre était produit, et comme si les séries françaises n'étaient pas, elles aussi, majoritairement des séries policières.
C'est oublier un peu vite les très nombreuses productions dramatiques ou comiques qui font le prime time, de Desperate Housewives à The Good Wife. Ce samedi va être enfin lancée sur M6 une nouvelle série qui a été l'une des bonnes surprises de la rentrée 2011 aux Etats-Unis : Once Upon a Time. Et ce succès de marquer le début d'une tendance : le retour des contes de fées.

Un concept féerique.

À lire le concept de Once Upon a Time, on se demande comment un tel projet a pu aboutir, tant il semble décalé par rapport au reste de la production. Le monde des contes de fées (un lieu où cohabitent Blanche Neige, le Petit Chaperon Rouge, Pinocchio, la Belle au Bois Dormant et les autres) a été frappé par une malédiction ! Tous ses habitants vivent maintenant dans notre monde réel, dans une petite ville du nom de Storybrooke. Et ils n'ont plus aucun souvenir de leur identité réelle : aucun d'entre eux ne réalise que le psy de la ville est en fait Jiminy Cricket, que la patronne du restaurant est Mère Grand et que ce garçon dans le coma à l'hôpital est le Prince Charmant… Seule la maire de la ville, Regina Mills, connait la vérité. Et pour cause : elle est la Méchante Reine, la sorcière qui a lancé cette malédiction. Mais une nouvelle arrivante à Storybrooke pourrait peut-être tout changer…
La série se déroule sur deux niveaux : notre monde contemporain, dans la petite ville isolée de Storybrooke, et dans le monde des contes de fées en flashbacks. Dans ces derniers, on découvre le passé de personnages mythiques tel que Pinocchio, Cendrillon ou le Génie de la lampe d'Aladin.
Les scénaristes s'en donnent à cœur joie en détournant les contes mythiques, en imaginant d'autres rebondissements et en approfondissant des personnages que l'on pourrait croire stéréotypés (attendez de voir ce qu'ils réservent au Petit Chaperon Rouge ou à Grincheux…).

Faisons les contes !

Gros succès aux Etats-Unis pendant sa première saison, Once Upon A Time est non seulement une série passionnante et foisonnante, mais elle est aussi le porte-drapeau de nombreuses autres dans la même veine : Grimm, qui a une base policière (le héros est un descendant des frères Grimm) et que vous pourrez bientôt voir sur NT1 après l'avoir découverte sur SyFy ; Lost Girl, très bientôt sur la nouvelle chaine Numéro 23, dans laquelle l'héroïne est une « succube » qui se nourrit de l'énergie sexuelle de ses proies ; et en ce moment aux Etats-Unis, une nouvelle version de La Belle et la Bête avec Kristin Kreuk (Smallville) dans un rôle que la télévision avait déjà confiée à Linda Hamilton (Terminator).

Dans la tête d'une méchante Reine !

Lana Parrilla, qui incarne la Méchante Reine dans Once Upon a Time, était invitée en Juin dernier au Festival de Télévision de Monte-Carlo. Elle nous y a confié son sentiment sur ce retour en force des contes de fées : « Il est temps de rêver à nouveau. Il y a toujours quelque chose à apprendre de ces contes, une morale qu'il est bon d'apprendre aux enfants ou de se rappeler soi-même. Ces personnages sont tous iconiques et nous sont familiers, et ils ont été humanisés au point qu'ils nous parlent plus, à nous, adultes. Mais je pense aussi que nous avons un concept assez unique, et les créateurs de notre série, Adam Horowitz et Edward Kitsis, ont appris pendant 6 années sur la série Lost, comment écrire une telle histoire. »
Assez subtilement, M6 a attendu la période de fin d'année pour lancer la série qu'ils avaient dans leur carton depuis déjà très longtemps. Noël est sans doute propice au retour des contes de fées, mais méfiez-vous : les nouvelles aventures de Blanche Neige n'ont rien de mièvre cette fois-ci. Accusée de meurtre et méprisée par tous à cause d'une relation avec un homme marié, Mary Margaret alias Blanche Neige s'éloigne des clichés ; même son alter-égo dans le monde des contes de fées est très éloigné de l'héroïne du long-métrage animé de Disney (studio qui produit aussi Once Upon a Time !).
C'est aussi cette volonté de dépoussiérer les icônes et de leur donner une résonance plus contemporaine qui est à l'origine du succès des séries de ce genre.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

Crédit photos : © ABC Studios