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Des séries sans leur star

Le décès de Cory Monteith, la jeune star de la série Glee, est un drame. C’est aussi une situation terrible pour les concepteurs et auteurs de la série qui a été renouvelée pour 2 saisons de plus, et dont le tournage était en pleine préparation. À l’heure qu’il est, scénaristes et producteurs doivent réfléchir à comment faire face à la pire situation qu’une série télé peut connaitre : la disparition de l’une de ses vedettes en cours de production.

Un drame qui brise le mur entre fiction et réalité
Ces situations tragiques n’ont rien à voir avec la disparition d’un personnage fictif pour les besoins de l’intrigue. La mort d’un acteur ou d’une actrice qui apparait régulièrement dans une série télé est non seulement terriblement dramatique, mais cela renvoi le téléspectateur de la série à la triste réalité. La frontière entre la réalité et la fiction est momentanément abolie. Le tout, pour les équipes de production qui sont déjà effondrés par la perte de l’un des leurs, est de décider comment réagi dans de telles circonstances.
Récemment, la situation s’est produite avec la disparition de Larry Hagman en plein milieu de la saison 2 de Dallas. L’acteur était, certes, l’emblème de la série mais elle ne reposait pas uniquement sur lui mais sur une famille. Les scénaristes ont choisi d’intégrer sa disparition dans la trame de la série, avec une intrigue « Qui a tué J.R. ? », clin d’œil à un cliffhanger célèbre de la première version de Dallas.
Andy Whitfield tenait un rôle tout aussi iconique : celui de Spartacus. Pour lui donner le temps de faire face à sa maladie, la production a retardé le tournage de la deuxième saison de la série en produisant d’abord une mini-série « prequel » (Les Dieux de l’Arène), dont le personnage de Spartacus était totalement absent. Mais devant la gravité de la situation, le choix a ensuite été fait de continuer la série avec un nouvel acteur dans le rôle-titre.

Un remplacement en toute discrétion

Au-delà de ces deux exemples récents, les 50 dernières années ont aussi compté leur lot de décisions dramatiques. Les exemples qui suivent ne concernent que les séries qui ont été diffusées en France (il y en a bien d’autres dans celles qui n’ont jamais été diffusées chez nous).
À l’heure d’internet et de l’info directe, on n’imagine plus qu’un acteur disparaisse de sa série sans que le public ne soit au courant. Et pourtant, dans les années 60, Alice Pearce, la première voisine de Ma Sorcière Bien-Aimée, décède après 2 saisons et remporte un Emmy à titre posthume. C’est une autre Mrs Kravitz qui prend sa place, dans la discrétion la plus absolue.
Dans Dallas – version classique, cette fois - le choix a été fait de ne pas remplacer Jim Davis dans le rôle de Jock Ewing. Mais les téléspectateurs de la série étaient dans le déni le plus absolu car son personnage était « en voyage », toujours vivant pendant pratiquement une saison entière !

La mort du héros
Clairement, plus le personnage est emblématique, plus la série va souffrir de sa disparition. Bonanza avait déjà quelques 13 saisons au compteur quand Dan Blocker, qui tenait le rôle de Hoss, le gentil géant de la famille Cartwright, disparait. La saison suivante sera la dernière.
En 1971, un autre western, Opération Danger (sorte de Butch Cassidy et le Kid en version série) voit disparaitre l’une de ses deux stars, Pete Duel. Un nouveau personnage, interprété par Roger Davis, donnera la réplique à Ben Murphy, mais le public est trop choqué par le suicide de Duel ; la série prendra fin au milieu de la saison suivante. Pour Cover Up, une série d’espionnage et d’aventure, le décès tragique du prometteur John Erik Hexum a été tellement médiatisé (un accident survenu dans les coulisses du tournage) qu’il devenait pénible de voir de nouvelles enquêtes avec son remplaçant, Anthony Hamilton.

Hommage dans la série
La plupart du temps, le choix est fait de rendre hommage à l’acteur décédé dans la série elle-même, à travers son personnage qui « disparait » lui aussi. Michael Conrad, qui jouait le sergent Phil Esterhaus dans Hill Street Blues ; John Spencer qui était Leo McGarry dans À La Maison BlancheThe West Wing ; Phil Hartman de la sitcom Newsradio ; Nancy Marchand, l’acariâtre Livia dans Les Soprano ; Jerry Orbach qui reprenait le rôle du détective Lennie Briscoe dans New York Cour de Justice après l’avoir tenu des années durant dans New York District
Et surtout John Ritter, vedette de la comédie Touche pas à mes filles, également comédien apprécié dans Scrubs, Felicity, Ally McBeal, Flic à tout faire... Terrassé par une attaque cardiaque en plein tournage, son décès a transformé sa sitcom, qui est devenue l’histoire d’une veuve (interprétée par Katey Sagal de Mariés… Deux Enfants et Sons of Anarchy) et de ses enfants. Une évolution compliquée pour une série censée faire rire !

De la même façon, Glee est une série « fun » qui peut aborder des sujets graves mais toujours via le prisme de l’humour ou de l’ironie. Comment la disparition de Finn sera-t-elle traitée ? Réponse dans quelques semaines.

Alain Carrazé, directeur de 8 Art City

Crédits photo : © Twentieth Century Fox Television