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Élémentaire, mon cher Sherlock !

C’est ce vendredi soir que commence en France, sur M6, la série Elementary. Longtemps attendue (elle a débuté en septembre 2012 et en est à sa deuxième saison aux USA), la série, extrêmement efficace, va certainement enchanter vos soirées car elle rassemble un nombre considérable d’ingrédients gagnants. Plus spécifiquement, des éléments empruntés çà et là. Des composants qui, une fois rassemblés, composent le menu d’une série sympathique, mais sans grande originalité. Saisissez-vous de votre pipe et de votre loupe, et venez donc enquêter avec moi sur ces cinq indices.
1° - Sherlock Holmes

C’est évidemment la source d’inspiration reconnue et revendiquée de la série : nous sommes ici face à une nouvelle représentation télévisuelle du détective créé par Arthur Conan Doyle, et narrée dans 4 romans et 56 nouvelles entre 1887 et 1927. Extrêmement populaires et formidablement bien écrites, ces aventures furent adaptées un nombre incalculable de fois : la Société Sherlock Holmes de France évoque plus de 260 films recensés et il y eut aussi un très grand nombre d’adaptations télé du personnage. Et c’est sans compter sur le fait que Sherlock Holmes, avec ses déductions et ses procédés d’analyse des indices, est le père spirituel de tous les enquêteurs scientifiques. À ses débuts, Les experts avait pour slogan « les Sherlock Holmes du XXe siècle »…
Il n’y a donc pas de soucis à reprendre le flambeau, d’autant que la série évoque aussi des personnages classiques de l’univers Holmésien : Moriarty et Irène Adler, entre autre.
2° - Sherlock

Elementary est une version contemporaine de Sherlock Holmes, tout comme l’est Sherlock, la série britannique que diffuse France 4, avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. L’idée de transposer un personnage de l’époque victorienne à notre époque n’est pas si nouvelle que cela : les films avec Basil Rathbone étaient déjà des versions contemporaines (pour les années 50). Dans Elementary, Holmes est installé à New York, vient tout juste de se faire désintoxiquer et Watson est en poste pour le surveiller, afin qu’il ne replonge pas dans l’enfer de la drogue. Holmes aide ainsi la police New Yorkaise en tant que consultant. 2 ans auparavant, en 2010, c’était aussi le pari de Sherlock, cocréé par Steven Moffat et Mark Gatiss, deux scénaristes anglais passionnés par Conan Doyle. Incroyablement populaire, la 3e saison de Sherlock vient tout juste d’être lancée en Grande-Bretagne et le premier téléfilm a rassemblé plus de 9 millions d’Anglais. Malgré leur carrière stratosphérique (Cumbertbatch enchaîne les blockbusters depuis Star Trek into Darkness et Freeman est Bilbo le Hobbit), les comédiens, prodigieux dans les rôles de Holmes et Watson, continuent la série quand leur planning le leur permet.
Petit bémol à ce tableau idyllique où tout le monde pourrait coexister : la productrice de Sherlock a révélé qu’il y a quelques années, une chaîne américaine les avaient approchées pour adapter leur version… la même chaîne qui, n’ayant pas donnée suite, est maintenant la productrice de Elementary. Les avocats de la BBC sont donc aux abois si la série américaine se permet d’utiliser le moindre élément spécifiquement issu de la version anglaise. Sherlock Holmes, lui, appartient un peu à tout le monde et il vient de tomber dans le domaine public.

3° - Monk

Dans Elementary, Johnny Lee Miller interprète un Holmes très charismatique, tatoué et grand consommateur de prostituées. Mais c’est aussi un homme torturé, bourré de tics, qui n’arrête pas de faire les cent pas, de se tortiller les doigts, stressé, angoissé, et qui, bien sûr, tombe dans toutes les gaffes possibles. Un vrai Adrian Monk, en clair ! La télévision a toujours adoré ces personnages hauts en couleur et hors-norme, dans le plus pur style de l’inspecteur Columbo. Elementary intègre donc cet élément.

4° - Mentalist

Holmes et arrogant, sûr de lui, irascible, et n’est attaché ni aux convenances, ni à la politesse. On est donc en plein dans les traits de caractère des personnages qui pullulent depuis Dr House et dont le Mentalist reste la meilleure représentation. De plus, Elementary est diffusé aux USA sur CBS, la chaîne qui diffuse aussi les exploits de Patrick Jane, la même qui s’est fait une spécialité en déclinant ses séries à succès comme Les experts, Esprits Criminels ou NCIS. D’ici à penser que Elementary est un spin-off non officiel de Mentalist

5° - Castle

…d’autant que Elementary adopte aussi (comme Mentalist) le format du « boy-girl-détective-show », comme on l’appelle aux États-Unis. Il s'agit de séries ou l’enquête est menée par un couple qui ne s’entend pas forcément bien, ce qui rajoute du piquant à la situation. Pour se faire, Elementary a fait de son Watson une femme, interprété par Lucy Liu (Ally McBeal, Droles de dames). Elle-même ancienne alcoolique, ancienne chirurgienne, le docteur Watson est réellement l’équivalent de Beckett dans Castle, ou de Lisbon dans Mentalist. La différence est que, ici, clairement, il n’y aura aucune romance entre Holmes et Watson.

Voilà, vous avez tous les éléments en main. Que le jeu commence !

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Alain Carrazé, directeur de 8 Art City http://www.8artcity.com

Crédit photo : © CBS - Paramount